Rodolphe Augustin, Baron Darricau - Gouverneur de l'île

Rodolphe Augustin, Baron Darricau
Du 28 mars 1858 Au 19 septembre 1863

Pour le successeur du Gouverneur Hubert Delisle, la Réunion n'est pas une inconnue. Le baron Darricau avait eu l'occasion au début de sa carrière de faire un séjour dans l'île. C'est après de nombreuses missions en Afrique et aux Indes qu'il nous reviendra comme Gouverneur.

En quelques 6 ans de Gouvernement le Baron Darricau se révélera être un excellent analyste de l'île, de sa population, de son économie, de ses problèmes. Ses tournées dans les communes vont lui permettre d'arrêter une conviction : la prospérité de l'île est artificielle et les moyens sur lesquels elle repose sont dangereux. Les analyses qu'il développera vont être prémonitoires. Alors que la quasi totalité des notables réunionnais réclame à cor et à cri l'intensification de l'immigration, le Gouverneur Darricau va être un des très rares responsables au cours de toute la seconde moitié du XIXe siècle a s'interroger publiquement sur le bien fondé d'une telle politique et à contester officiellement la thèse de pénurie de main d'œuvre sur laquelle elle s'appuie. Il y a dans l'île deux mondes : "a côté de la plus luxuriante culture, la plus triste pénurie, a côté de la richesse dans un petit nombre de mains moins que la médiocrité dans la plus grande partie de la population". Cette situation de déséquilibre est, selon le Gouverneur, amplifiée par la monoculture de la canne d'autant plus, déclare t il, "que les grands propriétaires vont en Europe jouir de leur fortune, y dépenser leurs revenus qui devraient appartenir au sol natal."

La course effrénée au profit et le recours obsédant a la main-d'œuvre engagée provoquera en 1859 une véritable catastrophe. Le 17 février le navire LES MASCAREIGNES arrive en rade de St Denis avec, à son bord, un recrutement de travail. Recrutés dans une région contaminée par le choléra, de nombreux africains mourront au cours de la traversée. Le capitaine Danel, pour ne pas perdre le bénéfice de son voyage va dissimuler la réalité du mal. Il fournira un faux rapport et des certificats de complaisance. Les travailleurs africains furent alors débarqués et la première mort se produisit le 12 mars 1859.

Quand le choléra fut identifié ce fut trop tard. Saint-Denis était déjà touchée. A la fin du mois de mai quand cessa l'épidémie, on dénombra uniquement dans Saint-Denis 863 morts. Les responsables du MASCAREIGNES furent traduits devant les Assises. Le procès qui dura du 24 janvier au ler février 1860 passionnera la colonie et il se terminera par l'acquittement du capitaine Danel et de ses adjoints. Le navire appartenait à Monsieur de Rontaunay.

Gabriel Le Coat de Kerveguen, le plus gros propriétaire terrien de l'île, sollicite l'autorisation de l'administration locale d'introduire sur ses domaines, pour payer ses engagés indiens, 227 000 pièces d'argent de 20 kreutzers. Le 11 juillet 1859, sa demande est acceptée. Les pièces circulent au cours conventionnel de 1 franc et connaissent un vif succès, Et pas seulement auprès des travailleurs indiens. Elles n'avaient pas de cours légal...

L'administration du Gouverneur Darricau va être également marquée par des catastrophes naturelles dont la plus impressionnante fut le tremblement de terre qui précéda l'éruption volcanique de mars 1860.

En quittant l'île le 19 septembre 1864 à bord de l'EMIRNE le Gouverneur Darricau inaugurera le service des Messageries Maritimes.

Gouverneur suivant : Marie Jules Dupré



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